3 questions à Nora POGGI
Quel est votre rapport à l’entrepreneuriat féminin ? Et pourquoi avoir traité de ce sujet dans la Silicon Valley ?
J’étais installée dans la
Silicon Valley et reconvertie dans le journalisme après avoir
travaillé pour le réseau social Viadeo. En 2013, j’étais chargée
d’interviewer des entrepreneurs là-bas et j’ai
été frappée par cette ruée
vers l’or qui concernait des personnages principalement masculins. Je
me suis lancée un défi : réaliser un film sur les femmes
entrepreneures. Avec Insiyah Saeed, une autre journaliste américaine,
nous avons suivi pendant deux ans cinq jeunes créatrices de
start-up. De la Silicon Valley à la France en passant par le
Vietnam, nous avons filmé ces jeunes femmes dans leurs aventures
entrepreneuriales, entre concours de pitch, sessions de
brainstorming, levées de fonds, coups durs et succès.
En quoi cela apporte un éclairage sur les « plafonds de verre » que les femmes rencontrent quand elles souhaitent entreprendre et se sentir légitime ?
Le film, tourné entre 2013 et 2015, donc avant #metoo, montre bien les difficultés qu’ont les femmes à obtenir des financements et à être prises au sérieux. Les jeunes femmes suivies dans le film ont besoin de faire preuve de beaucoup de ténacité et perseverance pour avoir droit aux mêmes choses que des hommes, surtout des financements, mais aussi un réseau de soutien qui passe par les pépinières, l’attention médiatiques, les mentors, etc. C’est tout un « boy’s club » que les femmes doivent affronter et, heureusement, aujourd’hui elles créent leurs propres réseaux de femmes pour s’entraider et se financer!
Avec She started it, quels messages souhaitez-vous transmettre aux femmes porteuses de projet ou qui se sont lancées ?
Ce qui fait la réussite d’un entrepreneur, c’est la façon dont elle réagit face à l’échec. A travers ce film, on espère inciter plus de jeunes femmes à se lancer dans entrepreneuriat, sans craindre les difficultés. Je veux qu’une adolescente de 18 ans qui voit ce documentaire se dise : » Si elle peut le faire, pourquoi pas moi ! « . C’est par la représentation et les rôles modèles qu’on peut changer les comportements. Nous voulons que notre documentaire ait le pouvoir d’inspirer. Le but était de montrer que les femmes peuvent aussi être des héroïnes sur grand écran, se relever après des difficultés, et surtout dans un univers si masculin. Maintenant j’espère aussi que le film permet de lancer une conversation sur les barrières qui empêchent les femmes d’avancer, comme l’accès aux financements, et comment les faire tomber.