Gaële LE NOANE, fondatrice de Marguerite & Cie à Lesconil (29)
« Il faut pousser les portes je pense »
Simple, enthousiaste et courageuse. Voilà les trois premiers mots qui me sont apparus en faisant connaissance avec Gaële Le Noane. Portrait d’une femme de tête et de cœur qui dirige une entreprise à son image. Histoire d’une box prénommée « Marguerite & Cie », un projet audacieux proposant chaque mois 18 tampons Natracare 100% coton bio. Plus qu’un produit, c’est une lutte pour les droits des femmes.
Après avoir grandi dans la région rennaise, Gaële étudie à l’école d’orthophonie de Strasbourg. Sa sensibilité au sciences la conduit à travailler un mémoire portant sur la neurologie. Par la suite elle exerce le métier d’orthophoniste durant 18 ans, d’abord au Pays Basque, puis à Quimper : « La mer bretonne me manquait » explique-t-elle. Au fil de son parcours professionnel, elle travaille en structure hospitalière puis en statut libéral.
Le déclic lui vient en 2012, à l’époque où le concept des box apparaît. Gaële observe alors que ces colis mensuels ne sont pas liés aux menstruations. Ce constat mûrit dans son esprit jusqu’en avril 2017, période à laquelle elle découvre des études portant sur les serviettes et tampons hygiéniques composés notamment de pesticides, d’herbicides, de plastique et de chlore. Autant de substances aux effets cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques. « Ça m’a révoltée. » s’indigne-t-elle. Lui vient alors l’idée de créer une box mensuelle fournissant aux femmes des tampons de composition saine.
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En septembre 2017, elle choisit de pratiquer son métier d’orthophoniste à mi-temps, pour affiner cette idée première et son concept. Elle chemine d’une part sur la conception du produit qui se doit d’être « du coton 100% biologique et rien d’autre », et d’autre part sur son emballage, respectueux de l’environnement et recyclable. « Je tenais à ce que le produit et l’emballage soient tous deux équitables pour la faune et la flore. » Gaële se renseigne sur les fournisseurs et le packaging. « Une période où je revivais : je découvrais tellement de choses ! » s’enthousiasme-t-elle. La cohérence est telle que la bretonne quitte le 1er janvier 2018 son cabinet d’orthophonie, sans droits ni revenus ; un gros pari pour l’entrepreneure et sa famille.
Au fil de ses recherches sur les fournisseurs biologiques en Europe, elle part ainsi en quête d’une marque qui respecte la santé des femmes, et découvre la marque Natracare. Une société éthique et récompensée qui propose des tampons biologiques et naturels, sans voile polyesther. Elle répond pleinement à ses attentes et dispose d’un réseau Biocoop étendu à travers le monde. « C’est la seule entreprise du marché qui réponde aux normes biologiques, environnementales et biodégradables les plus élevées au monde. » L’accord se dresse entre Gaële et l’entreprise Natracare. En avril 2018, la bretonne reçoit en vrac trois palettes de 60 000 tampons !
Pour ce qui concerne le packaging, Gaële atteint ses objectifs d’écologie en concevant un sac raft biodégradable et une boîte de 3 centimètres permettant que la box soit déposée dans les boîtes aux lettres, sans avis de passage du facteur, pour un bilan carbone le plus bas possible. Elle travaille la mise en forme et la communication d’ensemble avec une agence de communication quimpéroise qui tombe amoureuse de son concept.
Le nom « Marguerite & Cie » fait échos aux prénoms de nombreuses femmes féministes comme Yourcenar et Duras ainsi qu’au nom de la fleur blanche naturelle. Il réfère également à l’idée d’une communauté.
A la question : « La création de ton entreprise se rapproche-t-elle d’un acte féministe ? », Gaële répond : « Je suis vraiment pour l’égalité des sexes depuis toujours. Les tampons sont légalement considérés comme un bien de consommation. Pour cette raison l’indication de leur composition n’est pas obligatoire. Or il est bien question ici de la santé des femmes. Je tenais à agir contre ce scandale. »
D’autre part, depuis des années elle est sensibilisée à la précarité menstruelle, c’est-à-dire au fait que des femmes n’ont pas de solution périodique. Elle a alors découvert l’association ADSF – « Agir pour la Santé des Femmes » – qui vient en aide aux femmes en situation de grande précarité et d’isolement. 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, inconditionnellement, elle distribue des tampons et serviettes aux femmes dans le besoin. L’association est d’ailleurs désignée lauréate en 2017 de « La France s’engage ». L’idée du partenariat avec Marguerite & Cie apparaît comme une évidence. Les deux structures établissent alors un partenariat : grâce aux abonnements de ses clients, Gaële donne des protections périodiques à l’ADSF. L’idée est simple : « rendre accessibles ces produits sains pour un maximum de femmes. » : « Nous couvrons leurs besoins pour le kit d’hygiène qu’ils distribuent tous les mois. »
Plus largement, Gaële veut interpeler les pouvoirs publics. Dans cet objectif, elle a créé l’hashtag #changeonslesrègles. L’idée ? Mettre en lumière le tabou de la précarité menstruelle. Réclamer que les protections hygiéniques soient distribuées gratuitement aux femmes, tel un service. Se battre pour que l’on cesse de mentir aux femmes et de les empoisonner avec des perturbateurs endocriniens. « Ce sont là des nécessités que les pouvoirs publics doivent prendre en compte. » déclare Gaële.
En alliant ainsi ces deux combats que sont la lutte contre cette précarité et pour le respect des femmes, l’entrepreneure se sent pleinement alignée : « J’ai l’impression de revivre ! » s’enthousiasme-t-elle. Et la vie le lui rend bien. Voilà que lors d’une maraude avec l’ADSF, Gaële a pu rencontrer François Hollande à qui elle a pu partager ses convictions. Gaële réfléchit également sur le développement de son entreprise : elle travaille avec des créateurs financiers pour recruter. L’idée serait de collaborer avec des acteurs solidaires locaux ou de créer des emplois pour répondre aux besoins de logistique et de préparation. Le prix de la box s’élève aujourd’hui à 9€ pour 18 tampons Natcare 100% coton bio, avec ou sans applicateur, sous différents formats au choix. Tarif défini dans le business plan établi avec un bureau comptable. Avec 900 box vendues, elle atteindra l’équilibre visé. « Mon but est de baisser ensuite le coût de la box pour la rendre encore plus accessible. »
Et Femmes de Bretagne dans tout ça ? Gaële à découvert le réseau lors d’une rencontre avec la fondatrice Marie Eloy, au moment où elle se renseignait sur le réseau Bouge ta Boîte. « Femmes de Bretagne est un réseau génial ! J’aime particulièrement lire les publications sur le blog : je trouve que ces portraits de femmes entrepreneures nous portent et nous montrent des exemples ! » Elle termine par un conseil aux porteuses de projets : « Je crois fort qu’il faut d’abord s’entourer et qu’il ne faut pas avoir peur d’y aller. Il faut pousser les portes je pense. »
Gaële Le Noane, fondatrice, Marguerite & Cie / 4 rue Joliot Curie 29740 LESCONIL
LinkedIn https://www.linkedin.com/in/ga%C3%ABle-le-noane-575028160/
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Un portrait rédigé par la Plume Virginie Le Duff, experte en blogging chez Mamezell’ en Finistère