Anne-Claire PONS, Directrice Générale de Produit en Bretagne

1. Qui êtes-vous ?

Je suis Anne-Claire, DG de Produit en Bretagne, Rennaise et maman de deux enfants. Mon parcours est riche de bifurcations : j’ai passé une grande partie de ma carrière dans le secteur bancaire, où j’ai dirigé plusieurs agences un peu partout en France. Je suis entrée à la BNP presque par hasard « parce qu’il y avait de la lumière », comme je le dis souvent bien, plus par curiosité que par passion pour les produits bancaires !

Mais cette expérience m’a beaucoup appris : le management, la gestion du risque, la conduite du changement… autant de compétences précieuses que j’ai ensuite mises au service de la formation professionnelle.

Aujourd’hui, je dirige un réseau qui fait sens pour moi : au service de l’économie bretonne, avec sincérité, engagement… et un réel plaisir intellectuel, chaque jour.

2. Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Et comment les avez-vous surmontées ?

Beaucoup de mobilités subies en tant que conjointe de militaire. J’ai souvent eu à reconstruire, à me justifier. J’ai toujours appréhendé les annonces de grossesse, de déménagement, mais chaque étape m’a renforcée. J’ai appris à accepter de ne pas tout contrôler et à transformer les obstacles en leviers. Et à ne pas regarder dans le rétroviseur. C’est notamment pour ça que je suis maintenant engagée dans l’association Women Forces pour accompagner et conseiller d’autres conjointes de militaires qui sont souvent confrontées au syndrome de l’imposteur.

3. Avez-vous des modèles ou des mentors qui vous ont inspirée ?

J’ai 3 types de mentors. D’abord mes managers : une femme, deux hommes. Tous audacieux, tous m’ont fait confiance sans me juger. Et mon père qui a su rebondir avec un optimisme fou après un échec professionnel à 42 ans. On peut tout perdre du jour au lendemain et garder sa dignité, ça change tout. Ils m’ont appris à conjuguer humilité et détermination. Et enfin, des lectures inspirantes et des cheffes d’entreprise, comme le binôme de dirigeantes du CMB Arkéa.

4. Quels conseils donneriez-vous à une femme qui souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Ne cherchez pas à cocher toutes les cases. Ce qui compte, c’est votre proposition de valeurs.

On est le fruit d’une histoire, d’un parcours, d’un engagement, d’une vie personnelle et professionnelle qui fait sens. Il faut avoir une approche par compétences : vos expériences, même associatives ou familiales, sont des ressources précieuses.

Être mère, avoir déménagé tous les deux ans, s’être adaptée mille fois… ce sont des preuves de capacité d’organisation, de résilience, de rebond.

Alors osez réenchanter votre récit, et aidez ceux qui vous recrutent à comprendre votre valeur. Ne doutez pas de votre légitimité, donnez-leur les pièces du puzzle. À vous de créer le vôtre : unique, cohérent, et audacieux.

5. Comment avez-vous construit votre réseau professionnel ? Quel rôle a-t-il joué dans votre succès ?

Indispensable. On n’y arrive pas seule, d’où l’intérêt de réseau comme le vôtre, Femmes de Bretagne. Aujourd’hui, mon réseau, c’est Produit en Bretagne. En arrivant, je ne connaissais pas tous les secteurs, j’ai donc pris le temps d’aller à la rencontre des entreprises adhérentes, directement sur le terrain. Même quand je ne savais rien d’un domaine, j’y suis allée avec une vraie curiosité et beaucoup d’humilité.

C’est cette démarche qui m’a permis de tisser des liens solides et sincères avec les 520 entreprises du réseau. Un réseau, ce n’est pas seulement une liste de contacts : c’est un écosystème vivant. Il faut s’y engager, poser des questions, écouter, comprendre. Et surtout, ne jamais avoir peur de dire “je ne sais pas encore, mais j’ai envie d’apprendre”.

6. Si vous aviez une baguette magique pour changer quelque chose dans le passé, que modifieriez-vous ?

Je ne regarde pas dans le rétroviseur. Je n’ai pas envie de « parfaire » mon histoire. Ce que je retiens : on peut choisir de ne pas se laisser abîmer. Et avancer avec ce qu’on a de plus sincère en soi.

7. Avez-vous une anecdote à partager ?

Je n’étais pas la candidate évidente pour diriger Produit en Bretagne. J’ai été recalée au 1er tour. Puis rappelée. Et là, j’ai tout donné. Ma sincérité, ma vision, mon envie de servir cette région. Et ça a fait tilt.