3 questions à… Caroline Tith, responsable du développement de l’Orchestre National de Bretagne
« Faire sauter ensemble ce plafond de verre ! »
Une carrière dans le monde de la musique sans être musicienne, c’est possible ! La preuve avec Caroline Tith, 35 ans. Elle vit depuis onze ans au rythme des programmes de concerts de l’ONB à Rennes, qui est partenaire de Femmes de Bretagne.
Caroline, vous êtes responsable du développement de l’Orchestre National de Bretagne. Pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre métier ?
Je voulais travailler dans le milieu culturel depuis toute petite, après une sortie scolaire à l’opéra de Lille. Chanteuse, danseuse, régisseuse… ? Finalement, une conseillère d’orientation me parle de Sciences Po. Je suis diplômée de Sciences Po Rennes, où j’ai suivi un Master 2. J’ai également passé un Master 2 Economie de la culture à La Sorbonne. Pendant ce parcours, j’ai travaillé sur une comparaison du mécénat entre l’Opéra de Lille – établissement public de coopération culturelle – et celui de Rennes – équipement en régie municipale. Je rencontre alors le directeur adjoint de l’Orchestre Symphonique de Bretagne (devenu Orchestre National de Bretagne en 2019, suite à la labellisation du ministère de la Culture, NDLR), et sollicite un stage. Je suis ensuite embauchée en emploi aidé pour m’occuper du mécénat et de la communication. Après deux ans, j’obtiens un CDI et gère également les relations publiques. En 2017, on me confie mon poste actuel, qui consiste à gérer le service mécénat, billetterie, communication et relations publiques. Avec mon équipe (4 personnes), nous sommes chargés de rechercher des partenaires pour l’ONB, de développer ses ressources propres et son image. Nous participons notamment à faire tomber les barrières entre le public et la musique classique, qui est faite pour tous !
Comment est né le partenariat entre l’ONB et Femmes de Bretagne ?
Nous avons à cœur de faire connaître l’orchestre auprès des organisations culturelles et des différents acteurs du territoire. Nous nous proposons comme une ressource à leur service. Avec un orchestre, on peut aborder plein de sujets, comme par exemple la transition écologique ! Nous utilisons l’orchestre et sa programmation, en lien avec des thèmes actuels, pour faire venir du public à la musique par d’autres sujets. J’ai rencontré Femmes de Bretagne par le biais d’un autre partenaire de l’ONB, la Fondation SNCF, qui est elle-même partenaire du réseau. Nous pouvons communiquer sur un sujet commun : celui de la place des femmes. Notre orchestre, composé de 43 musiciens, emploie beaucoup de femmes. Et puis, en parallèle, notre programmation donne une place importante aux femmes, qu’elles soient solistes, chefs d’orchestre, compositrices, etc. Cela est dû en grande partie à notre directeur, Marc Feldman, qui aime faire se croiser les cultures.
Comment se rejoignent Femmes de Bretagne et l’Orchestre ?
Avec Femmes de Bretagne, nous avons déjà organisé une table-ronde avec une chef d’orchestre, une chanteuse et une entrepreneure. L’orchestre ou ses musiciens peuvent être mis à disposition du réseau pour illustrer des problématiques liées à la place des femmes dans la société ou la vie professionnelle. Nous pouvons, ensemble, faire sauter ce plafond de verre ! Le 17 novembre, nous organisons par exemple une rencontre avec Zahia Ziouani, femme chef d’orchestre dans un milieu encore très dominé par la gent masculine… … Elle a dû batailler pour y arriver et a monté son propre orchestre pour se faire sa place. A l’ONB, nous mettons en place une politique d’action culturelle qui vise à faire évoluer les mentalités sur la musique et la place des musiciens. C’est important de permettre aux enfants de se projeter, par exemple, en leur montrant que la musique n’est pas réservée à une élite. De même, il existe encore des idées reçues sur des instruments plus ou moins faits pour les femmes… Souvent, elles jouent des instruments à cordes et les hommes des instruments à vents ! Mais lors d’un recrutement pour l’orchestre, le premier passage se fait derrière un paravent pour une égalité des chances. C’est alors la qualité qui prime !
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