Daisy Dourdet : « Là où il y a la volonté, il y a un chemin »
Figure du monde économique breton, Daisy Dourdet est une femme de caractère, une femme de volonté, une femme engagée. En un mot, une femme. Mais une femme pas comme les autres, dont le parcours montre que tout est possible à qui le veut vraiment.
Née en Tunisie dans une famille de sept enfants, Daisy arrive en France après l’indépendance du pays. Elle est adolescente et a toute une vie à construire. « Avec mes frères et sœurs, nous avons été élevés avec le sens des responsabilités qu’incombe une famille nombreuse » raconte Daisy Dourdet. Mon père nous disait : « Je vous donne le pain, vous mettrez dessus le beurre et la confiture si vous pouvez et c’est grâce à vos mérites que vous le ferez ». C’est un enseignement que je n’ai jamais oublié. » Elle a donc pris son destin en mains. Et toujours affiché son tempérament.
En équipe avec son mari
« J’ai découvert en France la liberté des femmes, ce qui n’existait pas en Tunisie. J’ai alors voulu être responsable de ma vie », confie Daisy. A tel point que, lorsqu’elle rencontre son futur mari, elle décide, contre l’avis de son père, de quitter sa famille pour vivre avec lui. « Nous nous sommes mariés cinq ans plus tard. Depuis, nous nous sommes toujours battus ensemble ». Daisy Dourdet apprend la gestion et la comptabilité et élève ses trois garçons. En 1969, elle crée, avec son époux, passionné comme elle de voitures, une entreprise de négoce de pneus. « Malgré les difficultés, nous avons réussi car nous étions ensemble et complémentaires, et ni lui ni moi ne prétendions être le chef ! Mon mari était un excellent commercial, et m’a toujours fait confiance en me disant que je réussirai et que j’apprendrai ce que je ne savais pas ». C’est à ses côtés, d’égal à égal, avec chacun son rôle et ses points forts, que Daisy se construit. Son souci de l’ordre et son sens de l’organisation, font bientôt de cette mère de famille une chef d’entreprise. « L’amour donne des ailes ! Il faut que les couples forment des équipes, c’est ce qui manque souvent dans le monde aujourd’hui », considère celle qui a, aussi, œuvré pour tout un écosystème rennais et même français et européen.
Un engagement pour l’économie et les femmes
Daisy Dourdet a, par exemple, participé aux côtés des ministères de l’Industrie et de l’Environnement (1989-1993) aux travaux Français et Européens sur le traitement des pneumatiques usagés et sur l’accord cadre européen pour le traitement des véhicules en fin de vie. Elle a ensuite créé des associations, comme Apte (Aide pour le travail et l’emploi), un fonds d’investissement de proximité dédié aux femmes, un plan de formation avec la Région Bretagne, etc.
Longtemps élue à la CCI de Rennes, elle a également, après la vente de l’entreprise familiale à un grand groupe, recentré son activité sur le conseil. Elle devient spécialiste des entreprises en difficultés et de la gestion des stratégies de la protection de l’environnement automobile.
Des récompenses
Engagée auprès des entreprises, de son territoire, des femmes, Daisy Dourdet a ensuite participé à de multiples projets associatifs ou politiques (Tribunal de commerce de Rennes, Union européenne féminine, Conseil du commerce de France, Medef, Fondation BPO, Yao !…). Un don d’elle-même qui lui a valu bien des honneurs : Madame Commerce de France (1988), Chevalier dans l’ordre national de la Légion d’Honneur (1999), puis promue Officier (2008) et Commandeur (2013). En 2014, elle est élue Femme Remarquable des Trophées des Femmes de l’Economie.
Avoir confiance en soi
Car aujourd’hui, malgré une « retraite » méritée, elle continue de s’engager pour partager son expérience et donner sa vision de l’égalité hommes-femmes. Elle a notamment créé le réseau Entreprendre Ensemble, qui a compté jusqu’à 400 adhérentes, même s’il est aujourd’hui un peu en sommeil… Daisy y a d’ailleurs besoin d’aide, pour se consacrer davantage à sa famille ! « Je ne crois pas fondamentalement à l’égalité femme/homme, car chaque être est unique. En réalité, nous sommes tous égaux en droits et en devoirs et nous avons forcément des différences liées à notre famille, notre éducation, nos ressentis, nos rencontres, notre expérience, qui nous font agir différemment et ces différences sont notre richesse commune. » Pour Daisy, si les femmes n’arrivent pas à sortir de leur zone de confort, c’est parce qu’elles n’ont pas confiance en elles. « Plus on parle de discriminations, plus ces difficultés s’impriment dans notre esprit et nuisent à notre envie d’entreprendre !, considère-t-elle. Or les incertitudes font partie intégrante de la vie ». Tu es adulte, pleine d’envies, responsable ? Alors sors de ta zone de confort, si tu te ramasses, tant pis, tu te relèves et tu recommences ! Chaque femme doit faire selon ses envies et ses rêves. Où il y a la volonté, il y a un chemin. Vous avez la chance de vivre dans une société qui accepte les femmes responsables. »
Pour Daisy, la femme qui ose et met toutes les chances de son côté, réussira. « On est souvent jugé sur ses apparences et son rang social, ajoute cette femme toujours élégante. Mais il ne faut pas tenir compte du jugement des autres ! Et puis, il faut accepter ses défauts et en faire des forces. » Son défaut à elle ? « Ne pas savoir demander d’aide ! » Elle s’en est servi pour apporter la sienne aux autres.