Oriana S, pâtissière à Vannes (56)
“Il faut être organisée, avoir conscience de la réalité, être un peu « gonflée » et être passionnée. C’est essentiel.”
Parce que nous aimons toutes et tous le dessert qui termine nos repas, surtout lorsque celui-ci est festif, j’ai eu envie de rencontrer une fée des mirettes et des papilles.. Oriana en est une.
Cette pâtissière d’un genre nouveau me raconte avec précision et grâce son beau métier. Ancienne professionnelle en biophysique, elle en sait beaucoup sur les molécules et leurs usages et douceurs. Ainsi elle nous amène du bonheur en assiettes… mais avec le souci de personnaliser nos commandes. Extrait d’un instant délicieux passé avec « Oriana S », la fée des desserts et gourmandises.
Peux-tu nous retracer ton parcours Oriana ?
J’ai 27 ans ; à l’origine je me destinais à la biologie et la recherche. Après avoir obtenu un BTS de Biophysicien de Laboratoire, j’ai travaillé dans ce secteur : 4 ans à Grenoble à l’Institut de Neurosciences, puis 1 an dans un laboratoire en cosmétologie sur Rennes. Mais la précarité du métier m’a fait le quitter. Les CDD se succédaient, ce qui n’était pas stabilisant du tout lorsqu’on veut se projeter. En 2015 j’ai alors décidé de passer, en candidat libre, un CAP de pâtisserie.
Pourquoi la pâtisserie ?
Au départ c’est une passion presque familiale. J’ai toujours cuisiné, ma mère aussi. Comme beaucoup, j’ai d’abord appris avec elle ; j’ai des souvenirs de Paris-Brest divins, car maman ne faisait pas de gâteau yaourt, elle faisait de la pâtisserie élaborée. Aimant l’école et apprendre de nouvelles choses, j’ai décidé de passer ce diplôme en candidat libre. Et je l’ai obtenu.
Comment t’es-tu formée en pratique de la pâtisserie ?
J’ai réalisé un stage chez un très grand pâtissier : Sébastien Bouillet à Lyon. J’étais une éponge, j’absorbais tout avec lui ! Ce stage a eu lieu plusieurs mois après l’obtention de mon CAP, il m’a permis de vivre une immersion pour me préparer à la suite.
Puis j’ai travaillé durant un an et demi dans le salon de thé « Le Hangar » à Vannes. Un univers qui a éveillé encore davantage ma créativité et facilité ma compréhension des optimisations de travail. Nous vendions alors des gâteaux de voyage (cake, financier, etc.)
Une fois ce contrat de travail achevé, j’ai continué pratiquer la pâtisserie chez moi car je ressentais l’envie et le besoin de faire chez moi d’autres types de gâteaux. Via des sites web professionnels j’ai également beaucoup appris à travers des vidéos : elles ont constitué des entraînements pour lesquels j’ai tenu compte des moindres subtilités pour être efficace rapidement.
Comment es-tu parvenue à créer ton entreprise ?
J’ai pris l’habitude de photographier mes créations et de publier le tout sur Instagram ainsi que sur mon blog. Petit à petit j’ai reçu des demandes de la part des « followers » et au fur et à mesure c’est devenu une évidence.
J’ai alors décidé de faire un stage à la Chambre des métiers et de l’Artisanat pour m’installer. Et le 1er avril 2018 j’ai ouvert ma petite entreprise : « Oriana S ».
Quel est le concept ? Pourquoi ne pas avoir eu envie de créer une entreprise traditionnelle ?
Je crée des spécialités gourmandes à partir de ce que l’on me demande. J’écoute le client et que je crée avec lui le gâteau, il est alors unique et personnalisé. Il s’agit vraiment de créations éphémères. Les clients m’appellent, je fabrique et nous nous donnons rendez-vous afin que je le livre. Je ne dispose pas de locaux pour vendre, ce qui est à la fois un choix pratique et un avantage financier considérable.
L’univers de la pâtisserie est généralement très masculin, il n‘est donc pas toujours facile de s’y intégrer en tant que femme pour l’instant, même si cela évolue.
Quelle est ta clientèle ?
Ce sont pour l’instant des femmes qui commandent (entre environ 17 et 87 ans) mais je compte aussi des hommes. Il suffit de me téléphoner, au plus tard 48 heures à l’avance hors lundi. J’interviens exclusivement dans le Morbihan pour l’instant, plutôt aux alentours de Vannes.
Quels sont tes prix et les particularités de tes produits ?
Mes prix ne sont pas plus élevés que dans une pâtisserie traditionnelle : à partir de 2,80€ jusqu’à 4,80€ la part pour les tartes, entremets, etc. Pour des madeleines, financiers, cookies, macarons, mes tarifs peuvent même s’avérer moins élevés qu’ailleurs. Le prix évolue bien entendu pour des demandes particulières comme l’ajout de fleurs naturelles.
J’aime la pâtisserie fine et équilibrée en terme de sucre. Je privilégie la générosité : je préfère qu’on se serve trois fois d’un fraisier plutôt qu’une seule parce qu’elle est trop sucrée. Je respecte la saisonnalité, c’est pour moi essentiel. D’autre part, l’aspect visuel de mes pâtisseries est primordial, d’autant plus que je poste des photos sur mon blog. C’est mon père qui m’a transmis le goût de la photographie. Dans mon cas, tout se vend à partir de l’image de mon produit ; par conséquent, il faut que la présentation visuelle soit à la fois soignée et précise pour provoquer l’envie.
Depuis mon ouverture je suis stupéfaite de la confiance accordée par mes clients et je les en remercie.
Il semble qu’il y ait des liens entre ton métier précédent et celui-ci ?
Entre l’étude des molécules et la pâtisserie, je pense qu’il y a en commun la rigueur, de l’exigence, une grande organisation et un grand respect des règles sanitaires. On pourrait aussi ajouter que dans les deux cas on travaille pour le bien-être des autres.
Pourquoi ce nom d’entreprise ? Et qui t’a soutenue sur ce projet ?
Je voulais du mystère dans le nom de mon entreprise. La création d’Oriana S. a été encouragée par mes proches, ma famille, mes amis, et certains professionnels. La présence de l’entourage s’avère très importante quand on monte un projet. J’ai également la chance que mes parents soient déjà dans l’entreprenariat, cela a été un élément facilitant. Avec du recul j’ai pu observer un véritable socle de solidarité autour de moi.
Que penses-tu des émissions de télévision qui traitent de pâtisserie ?
Je n’ai pas peur de dire que je regarde et que j’adore ces émissions ! Elles animent ma créativité, j’y apprends beaucoup en observant les professionnels, notamment en étant attentive à l’accord de certaines saveurs.
D’autre part, je les regarde en pensant que cela peut aider à réhabiliter ce métier manuel qu’est la pâtisserie, même si la réalité est différente. Mon éducation m’a appris la nécessité de garder un regard critique.
Quelles sont les qualités d’ une pâtissière chef d’entreprise ? Que penses-tu du réseau Femmes de Bretagne ?
Il faut être organisée, avoir conscience de la réalité, être un peu « gonflée » et être passionnée. C’est essentiel.
Ce réseau Femmes de Bretagne est génial, cela permet de se sentir soutenue.
Oriana S / oraiana.s.breizh@gmail.com / 06.73.05.74.75 / facebook oriana S / instagram orian_s_breizh
Un entretien réalisé par la Plume Dominique Thiam, fondatrice de La Boîte à Méthodes (56), https://www.laboiteamethodes.com/