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Cendrine Brunschwig, Fée du débarras

Finaliste de la dernière édition des prix Eco-visionnaires, Cendrine Brunschwig dirige Le Bon Débarras, à Retiers, en Ille-et-Vilaine. Sa recyclerie donne une seconde vie à ce que certains ne veulent plus. Elle vient d’embaucher deux nouvelles salariées.

Avec Cendrine Brunschwig, faire du tri va dans le bon sens ! A la tête d’une recyclerie à Retiers, dans le Pays de la Roche aux fées près de Janzé, elle s’engage pour donner une seconde vie à ce qui dort au fond des placards. A 42 ans, elle dirige Le Bon Débarras, qui compte 7 salariées, dont deux viennent d’arriver. Dotée d’un magasin, la recyclerie a un statut associatif et fédère 30 bénévoles ainsi que 75 adhérents. L’idée du lieu a germé pendant plusieurs mois dans la tête de Cendrine avant de voir le jour. 

Des invertébrés marins au BTP

Originaire du Val d’Oise, elle a eu plusieurs vies avant la recyclerie. Après une faculté de biologie, qui l’a menée une première fois en Bretagne pour une maîtrise, elle suit un master professionnel en biologie marine. « J’ai travaillé sur les invertébrés marins à travers plusieurs stages, missions et vacations », raconte Cendrine Brunschwig. Mais le manque de débouchés et de reconnaissance la dégoûte rapidement. Comme elle aime apprendre, et parce qu’on lui « a toujours dit qu’il fallait saisir les opportunités », elle tombe dans le bâtiment. « Un concours de circonstance, s’amuse-t-elle. Mon beau-frère, qui venait de créer son entreprise de maçonnerie, se casse la jambe. Il m’embauche alors comme chauffeur ! Et de fil en aiguille, j’ai donné des coups de main, fait du secrétariat, de la consultation de prix, des devis jusqu’à me retrouver métreur ». 

Au bout de six ans, elle a eu envie de bouger davantage. Une amie qui travaille dans la prévention des risques sur les chantiers lui met le pied à l’étrier pour entrer chez Bureau Veritas. Pendant quatre ans, elle se rend sur les chantiers pour prévenir des risques au travail. « Cela a été stressant, toujours dans les bouchons, les délais et budgets dépassés, et puis face à des gens que je voulais protéger mais qui m’accueillaient en soupirant… j’ai dit stop, ce n’était pas comme cela que je voyais ma vie. Je ne voyais pas mes enfants. » 

Retour à l’environnement

Avec son époux, ils décident de venir en Bretagne, la région qui avait séduit Cendrine pendant ses études. Lui, trouve un poste au centre de tri de Vitré. Elle, se met en quête d’un projet de création d’entreprise, soutenue par son mari. « Quand j’ai pris conscience des volumes de déchets qui arrivent tous les jours en déchetterie, j’ai eu envie de revenir à l’environnement, mais en faisant quelque chose de concret tout de suite ! » explique Cendrine. Dans le Val d’Oise, elle avait été bénévole d’une opération de débarras qui fédère chaque année des centaines de personnes. « Il s’agissait d’une opération de quelques jours pour revendre ce que les gens ne voulaient plus. Je me suis dit qu’on pouvait creuser une idée pour le faire à l’année. »

Un long accompagnement pour se lancer

Aussitôt, elle crée l’association Le Bon Débarras, pour pouvoir concrétiser son projet, et entre dans un long parcours d’accompagnement, aidée par plusieurs structures. Avec BGE, elle suit un parcours Activ’Créa, puis se rapproche de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire. Elle participe ensuite aux parcours proposés par le TAG35 (Idéateur pour débroussailler son projet, puis l’Incubateur pour lancer l’activité), avant de suivre six mois de formation intense à la création de sa structure, par Elan Créateur. « Après tout cela, je me suis sentie prête et légitime pour me lancer », considère Cendrine. Elle trouve un premier local près de Janzé pour ouvrir son Bon Débarras, en juillet 2020. 

67 tonnes d’objets collectés par an

En 2022, forte de son succès, elle s’installe dans plus grand à Retiers. La structure associative à but non lucratif (les ventes servent aux salaires et au fonctionnement) récupère sous forme de dons tous types d’objets propres, en bon état et qui fonctionne, afin de les revendre à très bas prix. On y trouve donc de la vaisselle, des vêtements, des objets déco, des jeux, du petit électroménager, des meubles et autres outils de jardinage, etc. « Nous trions 2 tonnes de vêtements par mois, souligne la dirigeante. En 2023, nous avons ainsi collecté 67 tonnes d’objets ». Population locale et chineurs viennent ici pour le plaisir ou pour donner une seconde vie aux objets déposés. « Mon objectif est de pérenniser les emplois, de pouvoir augmenter les salaires, et de continuer de travailler avec le sourire dans le respect et la bienveillance », confie Cendrine Brunschwig. Adhérente de Femmes de Bretagne et de Loire-Atlantique, elle y retrouve ces valeurs d’entraide. « J’y ai rencontré plusieurs personnes qui m’ont donné un coup de main. Le réseau c’est très important pour ne pas se sentir seule, estime-t-elle. Ce qui compte aussi quand on veut se lancer c’est l’énergie que l’on met dans son projet et les compétences. Si on a les reins solides au niveau famille et financier, on a toutes les chances de réussir ! »