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3 questions à Brigitte Delahaie, « Se battre pour montrer nos compétences : voilà un combat digne ! »

Femmes de Bretagne ouvre une coordination à Redon, en Ille-et-Vilaine. Avec l’adhésion de Brigitte Delahaie, dirigeante associée des Transports Orain, le réseau gagne en force de caractère ! Rencontre.

Vous co-dirigez une société de transports de voyageurs et de marchandises à Guipry-Messac. Un monde plutôt masculin… Quel a été votre parcours ?

Après des études de lettres modernes, j’enseigne le français pendant dix ans. Je grandis à Messac, où mes parents créent les Transports Orain, en 1938. Mon père conduit alors un camion pour La Poste, ma mère effectue des lignes de transports de voyageurs en autocar. Une ligne Messac – Bain-de-Bretagne et une autre Messac-Rennes qui permet aux paysannes de vendre les produits de la ferme sur le marché des Lices. En 1982, une opportunité se présente de racheter une entreprise de transports à Bain-de-Bretagne. C’est l’occasion pour moi de changer de voie et de reprendre cette affaire avec mon frère Gérard. Je monte deux agences de voyage sous l’appellation « Delora tourisme ». Aujourd’hui, notre entreprise de transports marchandises et voyageurs est toujours une affaire de famille, puisque nous la dirigeons à trois, avec mon frère Bruno et mon neveu Sylvain. Nous employons 330 collaborateurs. Au quotidien, je gère la communication, la partie sociale, RH. Nous sommes une entreprise résolument tournée vers l’innovation. Participer aux projets d’avenir me passionne ! Si je suis profondément ancrée sur mon territoire, et attachée à notre histoire, j’estime qu’il faut tout autant agir en mode disruptif : casser certains codes pour aller de l’avant, être force de propositions, d’organisations nouvelles. Le développement durable, enjeu majeur dans le transport, fait partie des domaines le permettant. En 2015, par exemple une station de lavage autonome à Saint-Jacques-de-la-Lande, sur le principe de phytoremédiation, voit le jour pour le nettoyage de nos véhicules. Depuis trois ans, des travaux de recherche sur les véhicules à hydrogène et les véhicules autonomes me permettent dans le cadre d’un cluster d’ouvrir mon horizon professionnel.

Vous êtes une femme de réseaux. Quel regard portez-vous sur ces lieux de rencontre ?

 Je crois qu’il faut partager nos expériences, cela permet d’ouvrir nos entreprises vers l’extérieur. En 1991 je suis dans l’équipe qui créée le club CAPE 137, pour accueillir les nouvelles entreprises situées autour de la nationale 137 (Rennes-Nantes). Il reflète ce que doit être la force d’un territoire ; car c’est important que les chefs d’entreprise se connaissent et qu’ils travaillent de concert avec les élus de leur secteur. En 1997, avec 19 autres personnes, je milite pour le service aux autres avec la constitution du club Rotary de Bain-de-Bretagne et assure le gouvernorat du district Rotary Bretagne-Mayenne en 2007-2008. Pendant six ans, de 2010 à 2016, je préside la délégation de la CCI de Redon, m’engageant avec les élus du territoire à regrouper toutes les communautés de communes, pour rivaliser avec les grandes métropoles. Je concours aussi à la mise en place d’un établissement de formation supérieure industrielle et logistique. « Le Campus ESPRIT » a la particularité d’accueillir uniquement des étudiants en alternance et forme en bac + 3 et plus… Cela permet ainsi aux chefs d’entreprise du territoire de recruter avec des plus hauts niveaux de technicité. La réforme de la formation m’amène en 2017 à dynamiser une commission d’élus au sein de la chambre régionale de commerce en tant que Présidente. Cette même année, je lance le club APM Redon-Rennes (Association Progrès du Management), dans l’idée que ce réseau se déploie en dehors des métropoles. Tous ces réseaux professionnels et associatifs m’ont permis de militer pour la différence, la richesse de l’autre !

Pourquoi rejoignez-vous Femmes de Bretagne aujourd’hui ?

Le réseau arrive à Redon, alors si je peux apporter quelque chose de mon expérience, pourquoi pas ! Etant habituée à évoluer dans des réseaux très masculins, régulièrement, en début de réunion j’entends : « Bonjour Messieurs ! ». Alors, gentiment, je lève la main pour dire : « je suis là ! » Être femme est encore parfois difficile aujourd’hui. Rien n’est jamais acquis, tout arrive par le combat, c’est, d’ailleurs, ce qui nous rend plus fortes et nous permet de rebondir. Nous devons sans cesse prouver nos compétences, peut-être plus que jamais. Cependant, il ne faut pas le voir comme quelque chose de négatif. Au contraire : c’est un combat digne, c’est là que nous serons reconnues. Nous y parviendrons car c’est notre force… de femmes.