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Virginie Artus-Audoucet, auteure jeunesse et libraire voyageuse

Qui êtes-vous ? Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre entreprise ?

Juriste de formation, j’ai travaillé pendant près de 20 ans dans le social. Et puis, dans le contexte actuel de perte de sens au travail et de la multiplication des situations à risques qui en découlent, il m’a fallu changer d’orientation. Depuis quelques années déjà, j’étais auteure jeunesse, animatrice occasionnelle d’ateliers dans les écoles et pigiste pour un journal quotidien (je cumulais mes métiers en ayant réduit un peu mon temps de travail social). J’avais envie de me reconvertir dans le milieu de l’écriture mais progressivement. Le sort en a décidé autrement et il a bien fait ! J’ai donc fait le grand saut en quittant mon emploi en entreprise sociale pour me lancer comme auto-entrepreneuse. Le temps libéré m’a permis de me consacrer entièrement à ma passion du livre pour enfants et de développer mon entreprise: le p’tit fil à plumes, créée officiellement en 2019. Le p’tit fil à plumes regroupe mes différentes casquettes:  auteure jeunesse éditée et auto-éditée, animatrice d’ateliers d’imagination pour enfants et adultes, libraire voyageuse consacrée à la petite édition jeunesse de Bretagne et Pays de Loire. Et ça marche ! Aujourd’hui j’anime des ateliers pour enfants mais aussi pour adultes jusqu’en région parisienne, j’installe ma petite librairie éphémère dans les salons du livre, les marchés artisanaux, mon dernier album jeunesse « le Trésor des abysses » vient de sortir aux éditions Plumes de Bourdon et je suis en train d’écrire un roman pour les ados. Comme quoi, il faut croire en ses rêves en libérant le temps nécessaire à la créativité.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Et comment les avez-vous surmontées ?

Surmonter le burn out/stress post traumatique. Une année entière pour remonter. Tout n’est pas encore en place dans mon cerveau mais tout va bien. J’ai écouté mes proches qui étaient déjà passés par là et accepté d’arrêter mon travail même s’il était difficile de ne pas le prendre comme un échec. J’ai consulté une psychologue, suivi une thérapie en EMDR. Et doucement, je suis remontée. Mais jamais, je n’ai baissé les bras, jamais je n’ai laissé ma passion pour la littérature et les enfants de côté. C’est elle qui m’a aidée à tenir (Évidemment, ma famille, mes enfants et mon mari ont été le soutien le plus important ). Dans un registre plus léger, les méandres de l’Urssaf sont une difficulté ! Il faut de la patience et du sang froid.

Avez-vous des modèles ou des mentors qui vous ont inspirée ?

Ma toute première éditrice qui a eu confiance en moi, elle m’a lancée comme auteure jeunesse et comme animatrice d’atelier. Elle m’a poussée à me dépasser, à oser. Elle m’a emmenée avec elle en dédicace et en ateliers. Je me suis rendu compte que j’adorais ça. Éveiller les esprits des enfants, réveiller leur joie. Les pousser à leur tour à se dépasser et à montrer ce dont ils sont capables, peu importe leurs difficultés. Alors j’ai continué et j’ai développé ma propre approche, qui sort des sentiers battus. Merci Géraldine Hary. Silène Edgar aussi. Une autrice jeunesse reconnue, de plus en plus connue et bourrée de talent et d’idées incroyables. C’est elle qui m’a fait comprendre que pour développer mes idées, il me fallait du temps. De la disponibilité pour créer et de la disponibilité pour les lecteurs, les partenaires, et les personnes qui pouvaient solliciter mes services.

Quels conseils donneriez-vous à une femme qui souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Oser ! Oser croire en soi. Oser croire en ses idées. Oser être soi. Sortir des sentiers battus : ne pas chercher à reproduire ce que les autres ont déjà lancé. Trouver sa propre voie. Ne pas forcément s’appuyer sur les schémas type qui nous sont de plus en plus serinés (client idéal, pitch parfait)… Ça nous rend mécaniques et l’absence de sincérité fait fuir. Je conseille plutôt de parler avec le cœur, de parler de sa passion, de ce qui nous anime dans le métier que l’on a choisi et dans les services que l’on propose. Si on est passionné, on a, je pense, plus de chances d’être suivi. Et puis, comme je l’ai déjà indiqué : s’offrir du temps ! Pour le travail, mais aussi en famille. Prendre soin de soi et de ses proches me semble essentiel pour durer.

Comment avez-vous construit votre réseau professionnel ? Quel rôle a-t-il joué dans votre succès ?

Il s’est fait petit à petit au fil des rencontres. Lors des salons dans lesquels je dédicaçais, notamment. Mes trois activités (auteure, ateliers et libraire) sont en lien, elles se nourrissent donc l’une l’autre en terme de réseau : en tant qu’auteure et libraire, je suis invitée sur les salons et marchés. Sur les salons et marchés, je rencontre les écoles, les médiathèques qui peuvent me demander des ateliers ou des livres…Lors des ateliers, je rencontre des parents qui achètent les livres… Mon réseau est fait de partenaires (surtout dans ma partie librairie): on s’entraide et ça, ça me tient à cœur. Et puis, par Femmes de Bretagne qui m’a donné un joli coup de pouce. Petit à petit le bouche à oreille fonctionne. Je ne démarche pas. J’ai essayé mais je ne sais pas faire. Pour moi, tout passe par la rencontre et l’échange.

Si vous aviez une baguette magique pour changer quelque chose du passé, y a-t-il un moment ou une décision que vous modifieriez ?

Question difficile. J’ai plutôt tendance à me dire que je ne devrais rien changer, même les pires moments. Parce que si je change quoi que ce soit, je risque de ne pas être dans ma vie d’aujourd’hui. Or, j’y suis trop bien pour la risquer. L’effet papillon…

Avez-vous une anecdote durant votre parcours entrepreneurial que vous aimeriez partager ?

J’ai la chance d’être soutenue par ma famille. Sur les salons j’emmène toujours quelqu’un avec moi. Le plus souvent ma fille ou maman, qui sont clairement devenues mes assistantes de librairie. Le week-end dernier, mon papa et sa femme. Mon mari et mon fils ne viennent qu’en visiteurs mais ils sont aussi les muscles qui m’aident à charger et décharger les livres (heureusement parce que mon épaule commence à crier) et ils savent très bien imiter des clients intéressés. Au fil du temps certains de mes lecteurs et partenaires connaissent toute ma famille ! Comment ça, je les exploite ?