Marie Breton, ingénieure agronome et fondatrice de Boued Mir
Qui êtes-vous ? Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre entreprise ?
Je suis Marie Breton, ingénieure agronome de 37 ans. J’ai commencé ma carrière comme agro-économiste et conseillère en agronomie. Même si mes missions me plaisaient, je me suis vite rendue compte que je m’ennuyais dans mon travail. j’avais à la fois soif d’apprendre et envie de travailler avec mes mains. Je me suis alors tournée vers la cuisine, pour mes amis d’abord, puis en faisant des concours de cuisine. Je suis allée jusqu’à passer le CAP cuisine pour formaliser ma reconversion naissante : ce diplôme m’a permis de me sentir plus légitime et m’a ouvert les portes de restaurants. J’y ai travaillé un an et demi, puis je suis retournée dans le monde de l’agronomie, le temps de mieux réfléchir à mes envies professionnelles, et au sens que je voulais donner à mon travail. Il m’a fallu quelques années supplémentaires pour construire un projet qui me convenait : j’ai imaginé Boued Mir, ma conserverie artisanale, pour mêler agriculture, ingénierie, cuisine et environnement. Avec Boued Mir, j’ai construit un métier
polyvalent qui me convient, et qui répond à mes valeurs : réduire le gaspillage alimentaire chez les maraîchers locaux en créant de la valeur ajoutée sur mon territoire.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Et comment les avez-vous surmontées ?
Le montage de mon projet a nécessité beaucoup de préparation, car le niveau d’investissement et le risque pris sont assez conséquents. J’ai donc dû prendre le temps de bien finaliser mon étude de marché et de m’assurer d’avoir les fonds propres nécessaires avant de contacter les banques. J’ai aussi mis du temps à avoir assez confiance en moi pour me lancer. Il a fallu attendre plusieurs années pour me sentir plus légitime.
Avez-vous des modèles ou des mentors qui vous ont inspirée ?
J’ai été inspirée par plusieurs collègues (femmes) de promo qui ont créé leur exploitation agricole seule, après avoir entamé une reconversion. Je suis également sur les réseaux quelques femmes entrepreneures qui ont aussi créé des conserveries artisanales. Échanger avec elles me permet de rationaliser mes peurs, et de me remotiver.
Quels conseils donneriez-vous à une femme qui souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Je lui dirai de ne pas avoir peur de sa légitimité, qu’elle est tout à fait capable de réaliser ce qu’elle a envie de faire. Je lui dirai aussi de commencer par bien se connaître, ses forces, ses limites, ses valeurs, … et de toujours penser à prendre soin de sa santé physique et mentale, car en devenant entrepreneure, on devient son propre outil de travail, il est donc important de faire attention à soi
Comment avez-vous construit votre réseau professionnel ? Quel rôle a-t-il joué dans votre succès ?
Dans un premier temps, je me suis rapprochée de réseaux comme Femmes de Bretagne et Entreprendre au féminin Bretagne. J’ai aussi contacté des entrepreneurs, souvent des femmes, dont le parcours pouvait ressembler au mien, quel que soit leur domaine de compétences. Ce petit réseau, toujours en construction, me permet de me sentir moins seule, et d’échanger sur les problématiques que je peux rencontrer.
Si vous aviez une baguette magique pour changer quelque chose du passé, y a-t-il un moment ou une décision que vous modifieriez ?
Non, j’assume toutes mes décisions, mes choix, et les événements de ma vie qui font de moi ce que je suis aujourd’hui 😉