Charlotte Chollet : de la danse au design d’espace, il n’y a qu’un pas
Une entrepreneuse accomplie, multi-casquettes, ayant réussi à synthétiser ce qui la fait vibrer. Avec audace, détermination, transformant les difficultés en tremplin pour la suite. Voilà ce qui caractérise Charlotte Chollet, une dynamique brune de 37 ans, au large sourire derrière lequel se cache une grande sensibilité.
Installée à Plouër-sur-Rance (22), elle y est aujourd’hui architecte d’intérieur (cabinet ACCT), gérante d’un gîte de charme (Le C) et d’un lieu de vie unique (Opus) qui ouvre ses portes en septembre : 450 m2 combinant bureaux, ateliers-boutiques d’artistes, espace de coworking ou encore showroom.
« C’est un lieu pluridisciplinaire dédié à l’ouvrage de la main et de l’esprit. Il a vocation à réunir les métiers de la création et du design au sens large », explique l’architecte. Un espace à son image et son parcours inspirant.
De 21 à 27 ans, Charlotte fut danseuse professionnelle. Médaillée du Conservatoire en danse contemporaine, classique et jazz, puis formée à l’enseignement au Cefedem de Bordeaux, elle s’installe en 2008 en Bretagne. Elle danse au sein d’une compagnie le week-end, comme professeur le soir et commence une formation de deux ans au design d’intérieur, elle qui un rêvait enfant d’être architecte.
En parallèle, le jeune couple rénove une ruine, puis la revend, construit seul une autre maison, elle aussi revendue, puis une troisième… En 2015, une rencontre déterminante la pousse à porter le projet de créer la V1 du futur Opus. Le destin en décide autrement, car en cherchant le terrain, Charlotte tombe sur une grange abandonnée. Le projet Opus est décalé au profit de sa rénovation, une de plus, pour créer un gîte. Charlotte reprend une formation au design d’espaces en 2017 et ouvre le C en mai 2019.
Cette même année, la danseuse douée en architecture intérieure abandonne les cours en école pour créer son entreprise. « J’étais fatiguée après la naissance de mon deuxième enfant. Je voulais continuer à enseigner la danse, en indépendante, et démarrer mon activité de designer d’espace, rappelle Charlotte. Je m’étais formée en CAO-DAO et j’avais l’expérience de la scénographie, que j’adorais, grâce à mes spectacles. »
Une autre rencontre la propulse créatrice de stand au salon Maison & Objet. Un coup de main qui se transforme en succès et en appelle d’autres. « Je ne m’étais pas imaginée entrepreneuse. Mon expérience désacralise un peu le passage à l’acte car je n’ai pas fait de grand saut dans le vide. Mais entreprendre n’en reste pas moins un sacré marathon ».
C’est le besoin d’agrandir son cabinet d’architecture (installé chez elle) et l’envie d’être entourée d’autres créateurs qui ont poussé Charlotte à ressortir des cartons son projet Opus. Au premier étage, un plateau de 82 m2 pourra accueillir des cours de danse. Car en plus d’avoir entrepris trois fois, la designer a fondé une compagnie à titre bénévole, Ligne de Force, destinée aux danseurs professionnels.
Sacré parcours pour une femme si peu confiante en elle gamine, qui a réalisé tous les élans de son cœur avec autant d’énergie que d’exigence. Et avec une générosité profitant largement aux autres et à son territoire breton. Une jolie histoire de colibri.
Patricia Bachelier